Voilà deux décennies que l’on nous prédit la fin d’IPv4, le protocole des adresses IP habituelles qui arrive à saturation. Puisque le nombre d’adresses IP disponibles avec ce protocole n’était pas extensible et que le nombre de machines connectées augmentait, dès 1998, a été imaginé IPv6, un nouveau protocole, au nombre d’adresses illimité. Seulement voilà, pour diverses raisons, parce qu’on a peur de découvrir des dysfonctionnements avec IPv6, qu’on n’a pas été formé sur IPv6, ou qu’on ne veut pas revoir entièrement l’adressage de son réseau interne et sa sécurité, la bascule totale n’a jamais eu lieu.
James Karimi, SVP Engineering chez GTT Communications, nous livre son analyse.
Selon une étude de l’ARCEP, seuls 5% des serveurs de messagerie et 16% des noms de domaines en .fr, .re, .yt, et .wf sont accessibles en IPv61.
La saturation totale des adresses IPv4 serait pour 2020, 20211, selon l’ARCEP, car, depuis le 3 février 2011, le RIPE, l’organisme en charge de l’allocation des adresses IP en Europe, vivrait sur ses réserves, qui pourraient s’épuiser en 20212. A cet horizon, les hébergeurs n’auront d’autre choix que de se tourner vers IPv6 et l’on pourra assister à une segmentation de l’Internet : les sites en IPv4 et les sites en IPv6. La conséquence sera que les Fournisseurs d’Accès Internet ne proposant pas IPv6 couperont leurs utilisateurs d’une partie du web.
Tout est réuni pour que le passage à IPv6 s’accélère : la rareté des adresses IPv4 fait que leur tarif augmente alors que les adresses IPv6 sont gratuites et le développement de l’Internet des Objets pousse les constructeurs d’objets connectés à opter pour IPv6, chaque objet devant avoir sa propre adresse IP. De plus, le trafic IP généré en 2022 sera plus important que celui des 32 premières années de l’Internet cumulées. Cette hausse spectaculaire du trafic a plusieurs sources : l’explosion du trafic M2M (Machine-to-Machine), celle du trafic des objets connectés (IoT), avec une augmentation de 3,1% à 6,4% du trafic Internet global ; mais aussi celle du trafic généré par le SD-WAN qui passe de 9% à 29% du trafic WAN IP, lequel représentera 5,3 Exaoctets en 2022 ! 3
Au fur et à mesure qu’IPv6 s’imposera dans les entreprises, par le biais du M2M, des objets connectés et du SD-WAN, le choix de l’opérateur de connectivité IP sera crucial. Il y a beaucoup de participants et peu d’élus. En effet, chez les transitaires Internet, seul un petit groupe propose une solution Dual stack (double pile) IPV6 et IPV4 en natif.
Nombre de fournisseurs d’accès Internet sont conscients des enjeux et de l’urgence à agir. Cependant, tant que des moyens techniques permettent de contourner la pénurie d’adresses IPv4, en créant des passerelles avec une IPv4 partagée pour plusieurs machines connectées, et tant qu’aucune obligation légale n’imposera l’adoption d’IPv6, la migration vers IPv6 se fera au ralenti.
Au-delà d’augmenter le nombre d’adresses IP disponibles, IPv6 simplifie certaines fonctions de la couche réseau telles que le routage et la mobilité, et propose de meilleures options de sécurité, grâce à une ingénierie mieux pensée et une gestion du protocole IPsec plus adaptée. De par le nombre quasi illimité d’adresses disponibles, IPv6 serait plus performant qu’IPv4 pour l’acheminement de vidéos et simplifierait l’adressage interne des centres de calculs de haute performance.
Aujourd’hui, aux Etats-Unis, l’adoption d’IPV6 est estimée à 40%. En Europe, les champions de l’adoption d’IpV6 sont la Belgique (61%), l’Allemagne (47%), la Grèce (38%) et la France (27%)3. A partir de 2022, 18,3 Milliards d’appareils fixes et mobiles en réseau seront compatibles IPV6 (ils n’étaient que 6 milliards en 2017) et 60% des appareils compatibles IPv6 seront connectés à un réseau IPv6 ; représentant 38% du trafic Internet mondial. D’où l’importance du choix d’un opérateur de connectivité avec une capacité IPV6. Tout opérateur de connectivité Tier 1 IPv4 doit impérativement avoir la même équivalence en IPV6, c’est-à-dire qu’il n’achète pas de trafic IPV6 à un autre fournisseur d’accès Internet Tier1. Seul un opérateur Tier 1 IPV4 et Tier 1 IPV6, proposant une architecture dual stack (double pile) native, peut proposer à ses clients la sécurité et la sérénité quant à l’acheminement du trafic vers leurs applications.
1 Source : Article du 19 décembre 2018, « IPv6 : il est que temps de s’y mettre ! »
2 Source : Rapport RIPE
3 Source : Article
4 Source : rapport RIPE
5 Source : article
Publiée le 28 février 2019 par ITchannel.info, Animasoft, ITRnews, ITRmanager, ITRmobiles, ITRsoftware et ITRinnovation.