Economie Matin

Depuis quelque temps, les entreprises subissent encore plus fortement l’impact de la censure d’Internet en Chine. Les secteurs B2C comme B2B sont concernés.

Plusieurs VPN bloqués
Depuis janvier 2015, les utilisateurs de réseaux VPN se plaignent car le nombre de problèmes rencontrés a considérablement augmenté. Plusieurs fournisseurs tels que Astrill, StrongVPN et Tunnelbear ont confirmé que leurs services étaient affectés par la mise à jour du Grand Firewall réalisée par le gouvernement chinois. Ils ne savent pas pendant combien de temps ces problèmes vont persister. Chez Astrill, beaucoup utilisé par les entreprises, le client iOS du réseau a été particulièrement touché.

Une censure visant les entreprises étrangères
Il ne fait désormais aucun doute que la censure impacte les entreprises étrangères, et notamment les tunnels VPN permettant aux employés et partenaires d’accéder à l’intranet et aux applications de l’entreprise. Le premier ministre chinois Li Kequiang a récemment tenté de rassurer les investisseurs étrangers et les entreprises que tel n’est pas le cas. Néanmoins, selon un expert pour l’Institut pour l’innovation et le développement, la volonté serait de mettre un terme à l’utilisation de VPN, car ils « ouvrent les vannes aux abus sur Internet ». Cela concerne également les personnes qui utilisent ces tunnels en toute légitimité. Les fournisseurs VPN sentent souffler le vent de la censure. Déjà, en novembre 2014, un fournisseur CDN bien connu a vu des milliers de sites clients se faire bloquer et son cloud être inaccessible.

Une censure Internet plus difficile à surmonter
La censure Internet est souvent sous-estimée par les entreprises, surtout dans le secteur du B2B. Elles ne savent pas comment fonctionnent les algorithmes du Grand Firewall ni les critères d’octroi de licences Web du gouvernement. Mais ces dernières années, la censure s’est accrue et les entreprises européennes en ont pris conscience. Selon une étude de la Chambre de commerce de l’Union Européenne en Chine, 86% des entreprises membres estiment que la censure sur Internet a un impact négatif sur leur activité. C’est également le sentiment de GreatFire, co-fondé par Charlie Smith (pseudonyme), qui l’a confié à TechCrunch : « la censure est soudainement prise au sérieux ». La page www.greatfire.com a mis en place une surveillance continue de la censure exercée par l’état : les recherches bloquées en Chine, les domaines, les sites, etc.

Cette censure n’impacte pas seulement le secteur du e-commerce B2B et B2C mais toute entreprise ayant une simple vitrine Internet, y compris les entreprises publiques qui souffrent de ces blocages, nuisibles dans la recherche d’investisseurs potentiels, pourtant utiles pour financer des actions publiques. Les petites et moyennes entreprises, elles, sont largement tributaires de la carte de visite que constitue leur site, procurant des informations sur l’entreprise et les produits, à destination des clients potentiels.

Au-delà des sites Internet d’entreprises, la censure touche également les logiciels à la demande (Software as a Service : SaaS), impactés de chaque côté du Grand Firewall, selon l’endroit où se trouvent les utilisateurs et les serveurs. La localisation en Chine d’applications Web ou de sites peut courir à l’échec total en raison de la censure. Les sites et applications hébergés hors de Chine, eux, subissent parfois de forts ralentissements pour certains utilisateurs chinois.

Le problème est d’autant plus délicat dans le cas du SaaS que les entreprises investissent dans ces logiciels, sans en tirer le meilleur profit. Les éditeurs doivent surveiller de près les modifications d’algorithmes et les causes de censure du Grand Firewall. D’autant que, selon les résultats de la quatrième édition de l’étude annuelle Cisco Global Cloud Index (2013-2018), le SaaS devrait représenter 59% des applications de Cloud Computing en 2018.

Comment remédier à la censure et éviter la fermeture des VPN ?
Le blocage des tunnels VPN et l’attribution de licences par la bureaucratie chinoise se sont complexifiés. La seule façon officielle d’utiliser un réseau VPN est de le signaler au ministère de l’Industrie et des Technologies de l’Information (MIIT). Ainsi les entreprises donnent des informations sur leur communication. Depuis longtemps, un site Web obtient une licence à condition d’être hébergé en Chine. Selon que le site génère des revenus, est exploité par une IP chinoise, etc., il existe plusieurs types de licences. Un site hébergé hors de Chine n’a pas besoin de licence mais il s’expose à une certaine lenteur car son contenu est filtré.

Il est important de suivre de près les réglementations liées aux sites Web et aux applications et de maintenir un bon contact avec les autorités chinoises. Sur ce dernier point, vous pouvez vous faire accompagner par des acteurs CDN présents de longue date en Chine.

Publiée le 12 mars 2016 par Economie Matin