Le Journal des Télécoms

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Alors que le prix de la minute de voix tend vers zéro, que la téléphonie mobile est un marché en voie de saturation, et que le prix de la bande passante ne cesse de fondre, que reste-t-il aux opérateurs, confrontés à de lourds CAPEX et à des OPEX peu compressibles, s’ils souhaitent maintenir un certain niveau de qualité ?

Aujourd’hui, que pouvons-nous valoriser ? La combinaison du réseau et des data centres. Si la voix n’est plus rémunératrice, Interoute a la chance de posséder et d’opérer l’infrastructure qui permet de transporter et d’héberger les données, surtout à l’heure de l’outsourcing et du Cloud Computing, de la mondialisation, du travail collaboratif et du télétravail.

Le réseau est la condition sine qua non du développement de cet écosystème, et de cette révolution. L’avènement du Cloud et du BYOD ne se peut sans un réseau fiable de grande capacité, dans des conditions économiques viables.

Plus nous offrirons de services dans ce réseau, plus nous apporterons de la valeur. En temps de crise, la rationalisation des coûts pousse à l’externalisation et au paiement en fonction de l’usage. Nous devons amener des solutions innovantes avec des business modèles pertinents. Une fibre peut contenir de la Voix sur IP, des données, de la vidéo, de l’interconnexion et de l’Internet. Nous sommes donc en première ligne.

Nous devons négocier le virage de la convergence Informatique-Télécoms.

Les DSI voient également leur rôle évoluer. On ne leur demande pas de savoir tout faire, de développer des compétences dans chaque domaine : les ressources coûtent cher, la maintenance également. Les DSI sont devenus des sociétés de services, garantes de la qualité et de la maîtrise des coûts, et nous devons les accompagner dans ce sens. Nous maîtrisons les fibres, la bande passante, les interconnexions, les data centres et certaines applications, nous possédons donc certaines clés pour les accompagner dans leur transformation, et servir ainsi les objectifs business de leurs groupes. Ce qui est vrai pour les entreprises l’est d’autant plus pour les fournisseurs de solutions SaaS dont la qualité de service doit être irréprochable puisque d’elle dépend tout le business model : pas de service, pas de paiement.

Seuls les opérateurs qui possèdent leur propre réseau peuvent garantir la qualité de service parce qu’ils maîtrisent l’infrastructure de bout en bout, et l’opèrent de manière homogène partout en Europe. Quant au Cloud Computing, cet eldorado sur lequel se sont rués de nombreux acteurs non opérateurs, nous sommes également les plus légitimes pour accompagner les entreprises sur ce terrain. Quel est le service d’un vendeur de livres qui propose la location de ses data centres pour rentabiliser son infrastructure ? Il dépanne de nombreux acteurs à un coût défiant toute concurrence mais le Cloud Computing n’est pas son métier. Il ne faut en attendre aucun conseil ni aucun accompagnement. Nous, opérateurs, c’est parce que l’infrastructure est notre métier que nous pouvons accompagner les entreprises dans leurs projets Cloud, privés, publics ou hybrides. Nous ne dépannons pas, nous prenons en charge, nous assurons le service, nous accompagnons.

Nous ne vendons pas des m², ou de la bande passante, mais la garantie d’un SLA et une véritable solution d’outsourcing répondant aux règles de l’Art.

C’est tout naturellement que nous proposons depuis un an un Virtual Data Centre. L’agilité est le maître-mot de notre ère et lorsque le génie civil prend du temps pour construire des data centres, qui représentent un investissement colossal, la virtualisation prend le relais. Qu’importe où sont hébergées les données –tant que l’on peut garantir qu’elles restent en Europe, au plus près des clients de nos clients !-, l’important est qu’elles soient disponibles et connectées : on en revient à l’importance du réseau. Et pour les entreprises qui souhaitent localiser leurs données dans un endroit précis pour des raisons juridiques ou fiscales, elles le peuvent avec le Virtual Data Centre. Comme l’on construirait un data centre physique, on construit son data centre virtuel : on peut choisir son implantation physique, ses serveurs, les outils de virtualisation, les applications que l’on y place, le degré de sécurité, etc. Alors qu’il n’est pas toujours évident d’externaliser son informatique, l’opérateur peut accompagner la DSI en proposant de l’infogérance à la carte, chacun choisissant de tout externaliser ou simplement une partie suivant la criticité des données et des applications, les pics d’activité, etc. Cette souplesse, seul un opérateur, dont le métier combine informatique et réseau, peut la proposer.

Autre atout pour les entreprises qui confient leur Cloud à un opérateur propriétaire de son réseau : le coût de la bande passante est nul entre data centres. Or, c’est souvent là que les autres fournisseurs de services Cloud, qui louent la bande passante, augmentent la facture : cette bande passante est refacturée au client. Nous vendons de l’élasticité.

Parce que c’est notre métier, nous savons adapter nos contrats en fonction des besoins en infrastructure de nos clients et si notre ancien business model est mort, c’est notre capacité à sans cesse le réinventer, le transformer, l’adapter, qui assure notre croissance. Nos clients nous demandent de la capacité, de la bande passante, des services et de la réversibilité. Parce qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait, l’opérateur doit se positionner en extension naturelle du réseau privé de l’entreprise, une extension élastique, qui s’adapte au gré des besoins.

Parce que la recherche scientifique possède des besoins ponctuels en capacité de calcul lors des essais à grande échelle, tout comme les banques d’Investissement lors de simulations financières, parce que le marketing fonctionne par campagnes et que les sites Web connaissent des pics de fréquentation en fonction de ces opérations, etc., nous, opérateurs, nous avons pour rôle de fournir la bonne capacité, au bon moment, au juste prix, et sans compromis en termes de qualité et de sécurité.

Régis Castagné, Directeur d’Interoute pour la France et la Suisse

 

Publié par Le Journal des Télécoms en avril 2013